Un de nos confrères me disait un jour :
"Si Barrès n'avait pas les cinquante ou soixante mille francs de rente qui lui permettent de quintessencier paisiblement et avec une sage lenteur les idées d'autrui qu'il découvre dans les rayons de sa bibliothèque et qu'il soit obligé de produire un. labeur journalier pour manger du pain, il ne trouverait pas, vraisemblablement, à placer du reportage à deux sous la ligne."

La rapide poussée de Barrès, ce rasoir polymorphe, dont si peu de personnes se servaient, il y a deux ans à peine, qu'il en était réduit à changer d'éditeur plus souvent que de chemise - car il est auvergnat et austrasien, ne l'oublions point, et quand sa liquette est sale à l'endroit, il la reporte à l'envers,
Lu dans les journaux de l'époque :
comme Dagobert - montre combien est toujours active la néfaste action du clergé. Six mois avant l'élection académique du protégé des jésuites de Metz, des oblats de Sion et de la taupinière de Turinaz, les journalistes et hommes de lettres, même des provinces les plus lointaines, riaient convulsivement des prétentions de ce trigaud. Le jour où paraissait, dans le Drapeau, son article hebdomadaire, car il pond moins facilement qu'une poule, affirment Gyp et la petite Mathieu de Noailles, qui s'y connaissent, était le plus néfaste à la vente. Quel pacte unit donc cet égotiste obscur à ses protecteurs soutaniers? On l'a su depuis et l'on a vu qu'il fut de bon rapport pour l'ergotier, car son astre, la veille plus pâle que la lune, resplendit soudain et "l'aida

à discerner, déclare-t-il lui-même, parmi d'épais nuages, le caractère et la formation des faveurs surnaturelles". Sorti du vaseux margouillis où il barbotait, il a pris son vol olympique. Sa ponte est toujours aussi douloureuse, mais, ô consolation divine, elle s'enlève plus rapidement que les billets d'abonnement à l'exposition Beauchet.
Au Service de l'Allemagne, si péniblement inspiré par Les Oberlé, de René Bazin, et Colette Baudoche, qui fit hihaner d'allégresse le couarail nancéien ignorant l'Hélène, des préjugés mortels de Paul Lenglé, sont cités comme les plus purs chefs-d'œuvre de l'incomparable talent du génial amphigourique.

                    ERNEST GEGOUT